Il y a une dynamique pour un projet de gauche

Publié le par Changer le Monde

Publié le jeudi 16 octobre 2008 dans le quotidien “La Provence”

À un mois du congrès du PS à Reims, Martine Aubry bat la campagne à Marseille

Selon Martine Aubry, “à Reims, le PS doit changer pour retrouver le collectif, se rouvrir vers la société”.

La perspective du congrès de Reims lui fait battre la campagne. Martine Aubry sera ce soir à Marseille, devant les militants de la fédération PS des Bouches-du-Rhône, tout comme Vincent Peillon, “lieutenant” de Ségolène Royal, Kader Arif, proche de Bertrand Delanoë, Benoît Hamon, représentant l’aile gauche du parti et Christophe Caresche du pôle écologique pour défendre les motions sur lesquelles les militants les départageront le 6 novembre.

Ancré à gauche, le maire de Lille, l’une des trois grandes personnalités à briguer le fauteuil de patron du PS, pourrait “capitaliser” sur l’effet de la crise.

- Comment justifiez-vous l’attitude du PS qui s’est abstenu de voter le plan d’urgence de soutien aux banques ?

Martine Aubry : Nous avons été responsables. Nous avons accompagné le président de la République dans ses efforts pour éteindre l’incendie mais nous avons toujours demandé en contrepartie des garanties : l’argent public demandé quand tout va mal doit revenir à l’État quand tout ira mieux. Notre abstention est un cri d’alarme pour dire qu’il ne faut pas rater l’étape suivante, celle du budget 2009. Notre pays est en récession, si Nicolas Sarkozy continue sa politique de restriction des crédits, notamment en ce qui concerne le logement, le pouvoir d’achat, le budget des collectivités locales, s’il persiste et signe, nous allons vers de graves difficultés. L’État a réussi à trouver en quelques jours 360 milliards d’euros pour les banques alors qu’il a du mal à réunir 1,5 milliard pour le RSA !

- Des tensions ont vu le jour au sein du PS à propos de ce vote. Est-ce une fois de plus la bataille des ego ou un dysfonctionnement ?

Martine Aubry : Ces images sont pour moi celles d’un Parti socialiste telle qu’on aimerait plus le voir. Nous aurions dû débattre avant, prendre une décision commune qui aurait été respectée par tous !

- Pensez-vous que la crise change les équilibres au PS et vous donne une nouvelle dynamique ?

Martine Aubry : Je n’ai pas attendu la crise financière pour critiquer le libéralisme. Aujourd’hui, je me sens très à l’aise. Une société qui met en avant la finance sur l’économie va à la catastrophe. C’est un fait que j’ai toujours dénoncé. Dans le texte que je défends en vue du congrès, nous avons largement anticipé cette crise. Nous voulons être les architectes d’un nouveau modèle que nous devons construire et ne nous contentons pas d’être des pompiers. Il faut soigner la maladie et pas seulement les symptômes. Notre motion, comme celle de Benoit Hamon, (ndlr: représentant l’aile gauche du PS) porte une critique fondamentale du modèle libéral et des propositions fortes. Nous, nous avons commencé un rassemblement de militants pour réaffirmer que le Parti socialiste doit être à gauche.

- Certains jugent votre rapprochement avec les fabiusiens comme une alliance contre nature !

Martine Aubry : Ça, c’est le PS d’hier! Il faut que les socialistes jouent collectif. Il faut arriver à surmonter ce qui nous a opposés il y a vingt ans à Rennes, ou au moment du référendum européen et encore au moment de la présidentielle. J’ai le sentiment, aujourd’hui, qu’il y a une dynamique autour d’un PS qui porte haut ses valeurs de gauche. Le monde change, le PS serait-il le seul à ne pas changer ? Je suis fière d’avoir rassemblé des femmes et des hommes qui veulent retrouver la politique et la gauche.

- Un débat, auquel vous êtes favorable, entre les représentants des différentes motions ne va-t-il pas étaler une fois de plus vos rivalités ?

Martine Aubry : Je nous crois capables de débattre de manière sereine. C’est cela qu’attendent les militants.
Quant à la proposition de reporter le congrès, elle est aberrante ! Au moment où la France souffre, les socialistes doivent être à la hauteur ! Où seraient nos valeurs de gauche si les socialistes devez retourner à la maison sans apporter de réponses !

- Si votre motion n’est pas majoritaire, avec qui vous allierez-vous lors du congrès ?

Martine Aubry : Je suis dans la course pour défendre un projet de gauche et c’est un grand bonheur. Je vais à ce congrès pour gagner. À Reims, le PS doit changer pour retrouver le collectif, se rouvrir vers la société, pour être aux couleurs de la France, pour parler tous d’une même voix et pas forcément d’une seule voix.

Publié dans Revue de presse

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