Présentation de la motion par Martine Aubry - CN 23 septembre 2008

Publié le par Changer le Monde

Chers camarades,

Nous voulons « changer la gauche pour changer la France ».
Le titre de notre motion, ce sont les militants qui l’ont trouvé.
Dans les sections et les fédérations, ces dernières semaines, que nous ont-ils dit, j’allais dire que nous ont-ils crié : « de changer le parti socialiste », « de le changer en étant fiers de nos valeurs », « pour demain changer la France ».
Oui, nous devons changer.
Car nous vivons, -personne n’en doute plus- la fin d’une époque, la fin d’un système.
Ouvrons grands nos yeux et nos oreilles.

Il s’en est passé des choses depuis notre dernier congrès il y a trois ans.
Il s’en est passé des choses depuis l’élection présidentielle il y a un an et demi.
- Nous dénoncions depuis longtemps l’incapacité du système libéral à distribuer de manière juste les richesses. Nous vivons la crise du pouvoir d’achat en France et les émeutes de la faim dans le monde.
- Nous connaissions son incapacité à préparer l’avenir. Nous vivons aujourd’hui l’urgence écologique.
- Mais le libéralisme est train d’échouer aujourd’hui sur le terrain même de l’efficacité.
Cette crise financière sans précédent, remet en cause cette fois-ci le système dans son cœur même.
Les Etats-Unis en arrivent à nationaliser les banques et à injecter 700 milliards de dollars dans l’économie.
- Dans notre pays, Nicolas SARKOZY continue avec une détermination aveugle à pratiquer les recettes du libéralisme.
Baisse des impôts des plus riches pour soi disant libérer l’initiative
Recul de l’Etat et des services publics –l’école, les hôpitaux et aujourd’hui même encore La Poste- au motif qu’il n’y aurait plus d’argent.
Mise à bas des protections collectives qui porteraient atteinte aux libertés individuelles.
Les résultats sont là : une quasi-récession, un pouvoir d’achat en baisse, une casse sans précédent de l’école de la République, un pays qui n’a plus confiance en lui-même et qui souffre.
Ne nous y trompons pas, la France va subir, plus fort que les autres, cette crise financière, car, contrairement à l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, Nicolas Sarkozy a déjà grillé ses cartouches budgétaires.
Libéral sur le plan économique et social, Nicolas SARKOZY est par ailleurs autoritaire dans le fonctionnement du pouvoir.
Nomination les dirigeants des chaînes TV.
Ordres donnés aux juges.
Français mis en fiches.
Tests ADN pour les étrangers.
Face à son échec, et comme la société n’a plus de sens, il fait appel à l’identité nationale qu’il oppose à l’immigration ou il fait appel à la religion.
On ne peut accepter qu’un Président de la République considère qu’un prêtre est plus utile qu’un instituteur pour éduquer les enfants.
C’est la laïcité qui est en cause, qu’après Ryad et Latran, il veut qualifier de positive pour mieux la disqualifier.
Dans ce contexte de crise, il serait dramatique que les socialistes ne soient pas capables de proposer une nouvelle alternative.
Si je devais retenir un seul enjeu du congrès de Reims, c’est celui-là. Et pour cela, il faut changer.

Changer, c’est retrouver nos valeurs que l’on a parfois laissées de côté, et inventer les réponses d’aujourd’hui.
Etre socialiste, c’est émanciper chacun et le porter au plus haut de lui-même.
Les réponses d’aujourd’hui c’est :
* récréer une école qui donne réellement sa chance à chacun par des moyens et des pédagogies adaptés
* créer une sécurité sociale professionnelle qui permet aux salariés de progresser et d’être protégés.
* assurer l’égal accès aux droits de chacun mais aussi l’égal accès aux droits dans les territoires par les services publics et des financements pour les collectivités locales.
* bloquer les loyers là où la construction de logements est insuffisante.
- Etre socialiste, c’est aussi préparer l’avenir.
Les réponses d’aujourd’hui doivent être concrètes sur les changements de nos modes de déplacement, de consommation et de production pour que l’écologie sorte de nos discours pour passer dans les faits.
Il nous faut préparer Kyoto II en 2009.
Les réponses d’aujourd’hui, c’est réarmer l’Etat pour agir dans l’économie : un impôt sur les sociétés qui favorise l’investissement, des cotisations patronales qui encouragent les embauches, une réforme fiscale redistributive du local ou national, la création de fonds souverains pour accompagner une nouvelle politique industrielle, l’euro mis au service de la croissance et l’emploi, une politique commerciale extérieure réactivée pour permettre un juste échange.
- Etre socialiste, c’est faire civilisation.
Comment ne pas parler de l’Europe ! Il faut faire se lever une nouvelle génération pour retrouver l’enthousiasme des pères fondateurs de l’Europe pour une Europe politique, sociale et humaniste, en son sein et au-delà des frontières.
La conjoncture nous imposerait deux réponses immédiates, une Europe de l’Energie et une Europe de la Défense.

Nous voyons bien que nous avons besoin d’une Europe qui défende des règles à l’ONU et au FMI, mais aussi qui défende la paix alors que les deux blocs s’affrontent à nouveau y compris à nos portes et que le choc des civilisations défendu par Georges BUSH fait des dégâts considérables.
Nous sommes confrontés à ce double changement, l’échec patent du libéralisme et la nouvelle donne mondiale.
Nous n’avons pas le droit de ne pas être à la hauteur.

Ceux qui se réunissent dans cette motion aujourd’hui ont deux souhaits :
* réaffirmer plus que jamais la nécessité du retour de la politique, c'est-à-dire une vision forte à proposer aux français, une nouvelle donne économique et sociale
* retrouver nos valeurs que nous avons parfois laissées s’émousser.
C’est une véritable reconquête idéologique qui est devant nous.
Les français ne veulent pas une gauche étroite, économe de ses combats, épiant la réaction de l’opinion pour mieux la chevaucher.
Ils nous veulent rassemblés, clairs et innovants. Voilà ce que nous devons être.

Voila pourquoi, nous vous appelons à reconstruire, rassembler, reconquérir, en un mot, changer le parti.
- Le premier acte de ce contrat collectif, c’est retrouver le chemin de la fraternité.
Nous ne voulons pas refaire le passé.
Par trop de compétitions humaines, on détruit un lien essentiel entre nous, et on oublie l’essentiel, la confrontation des idées.
Si nous voulons sauver le Parti d’Epinay, il faut un nouvel Epinay.
C’est d’abord un état d’esprit nouveau. Mes amis, si nous ne dépassons pas les querelles d’hier, il n’y aura pas de Parti Socialiste demain.
Nous devons dépasser les courants pour conjuguer les engagements.
Il ne s’agit pas d’être dans la continuité de ce que nous avons fait depuis de nombreuses années au PS.
Il faut faire autre chose autrement, avec fidélité pour notre passé mais sans y rester.
- Nous avons du pain sur la planche : le PS est électoralement fort – je salue les sénateurs nouvellement élus- mais socialement anémié. Il nous faut faire revenir les créatifs, les intellectuels, les syndicalistes.
- Il faut que l’image de notre parti change. Elle doit être aux couleurs de la France et de ces banlieues qui sont le quotidien de la France populaire.
- Bref, nous devons créer un nouveau choc culturel comme il en a existé un en 1936 ou en 1981.

Pour cela le PS doit se déterminer par rapport aux problèmes des français.
- Et puis, soyons en sûrs ; le PS n’est pas la résultante de la pression de forces contradictoires à l’extrême gauche ou au centre. C’est la force centrale de la gauche… Aux autres de se déterminer par rapport à nous.
- Nous voulons un parti qui renoue avec une haute conception de l’engagement politique.
- Nous voulons une équipe large, soudée, qui parle d’une même voix, qui entraine le débat, prend une position et ainsi peut la faire respecter.
C’est l’enjeu central, le reste viendra après. La présidentielle ce n’est ni aujourd’hui, ni demain, mais après demain et nous aurons des primaires aussi ouvertes que le permettra le dialogue avec nos partenaires.
Pour conclure mes camarades.
Il nous faut être fidèles à nos valeurs.
Mais être fidèles à notre passé ce n’est pas refaire le passé.
Rennes, c’est fini !
Le traité constitutionnel, c’est terminé !
La primaire, c’est derrière nous !
En revanche, battre Sarkozy, c’est devant nous !
Refonder la gauche, européenne, c’est devant nous !
Maîtriser et humaniser la mondialisation, c’est devant nous.
Alors rassemblons nous autour d’une idée simple : l’avenir, c’est la gauche !

Publié dans La motion

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